09.2017 – Le 2e Prix international du World Future Council est décerné à un projet de récolte des eaux de pluie à usage domestique dans la zone semi-aride du Brésil.

Un projet de construction de citernes en zone semi-aride, dont le projet pilote du CF8 a été soutenu par GeTM au Brésil entre 2004 et 2010, remporte un prix international dans le cadre de la conférence des Nations Unies contre la désertification et devient une référence mondiale.


Cette reconnaissance vient du Prix politique pour l’Avenir 2017, une initiative du Conseil pour l’avenir du monde (World Future Council) qui honore au niveau international des politiques publiques remarquables. La cérémonie de remise du prix aura lieu le 11 septembre 2017, à l’occasion de la 13ème session de la Conférence de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD) -CdP13- à Ordos, en Chine.

Entre 2004 et 2010, GeTM a soutenu le CF8 – Centre Féministe 8 Mars- qui a contribué fortement à la mise en place d’un programme de construction de citernes pour récolter l’eau de pluie dans les régions semi-désertiques du « Nordeste » brésilien. Ce projet, conçu à partir d’un modèle classique de distribution des tâches, où les hommes étaient formés et payés pour construire des citernes familiales en béton armé et où les femmes fournissaient le travail bénévole (apport d’eau, repas, etc.) a été modifié de fond en comble à l’initiative de notre partenaire. En effet, le CF8 s’est tout de suite aperçu que ce projet venait ainsi valoriser les hommes et reléguait les femmes aux taches moins valorisantes, en creusant encore les différences de genre dans un contexte rural déjà très marqué par le machisme et le manque d’autonomie des femmes.

Le CF8, soutenu par GeTM, a proposé un projet novateur et révolutionnaire qui donnait aux femmes la possibilité d’accéder à une formation technique et à un salaire digne. Un premier projet pilote a permis de former 12, puis 24 « cisterneiras » (appellation donnée aux femmes chargées de la construction des citernes), qui sont ensuite devenues formatrices et qui ont construit plus de trois cents citernes familiales. Les agents techniques de l’État ont revu la technologie à utiliser, pour que celle-ci soit mieux adaptée aux ressources disponibles sur place. Les hommes ont apporté le travail bénévole, soit le forage des puits, l’apport du sable et le transport des matériaux de construction. Selon le CF8, la construction de citernes par les femmes a permis de déconstruire plusieurs tabous en lien avec les compétences et la place des femmes dans la communauté rurale.

L’expérience a été divulguée au niveau national par la Rede Globo, l’une de plus importantes chaînes de télévision du Brésil, ce qui a éveillé l’intérêt massif des femmes d’autres régions arides pour participer à ce programme. Suite à cela, le CF8 a reçu le soutien financier et le mandat du gouvernement brésilien de former plus de mille « cisterneiras », dans les 6 états du « Nordeste » concernés par la désertification. Ce soutien a permis à GeTM de se retirer financièrement du projet, tout en contribuant à consolider une politique publique qui permet encore aujourd’hui l’accès durable à l’eau potable pour les familles rurales vivant dans la région semi-aride du Brésil.

C’est justement cette politique publique largement inspirée du projet du CF8, et fortement enrichie par les apports de la société civile qui vient d’être considérée comme la deuxième initiative la plus importante dans le monde dans la lutte contre la désertification. Le World Future Council relève la coopération réussie entre les organisations de la société civile, regroupées dans l’ASA -Articulation pour les zones semi-arides, et les organismes techniques de l’État. Appuyé par quatre gouvernements fédéraux successifs, ce programme est devenu, de fait, une politique nationale efficace de lutte contre la désertification.

L’un des grands mérites de ce programme a été de permettre à la société civile de construire une organisation politique et administrative pour exécuter une politique publique ambitieuse. Elle a permis de montrer que la société civile est une source importante de projets innovants et mobilisateurs et qu’elle a les compétences, l’organisation et la flexibilité nécessaires pour proposer et mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes et pertinentes.

C’est justement ce partenariat « État -société civile » qui a été l’un des facteurs déterminants pour l’octroi de ce prix, comme en témoigne le texte du World Future Council : « Grâce à un mouvement social, le Brésil a lancé le programme de construction de citernes pour soutenir l’objectif d’installer un million de réservoirs de collecte d’eau de pluie à usage domestique de millions de personnes vivant dans les zones rurales de la région semi – aride, objectif atteint en 2014.

Pour GeTM, ce prix est une reconnaissance à sa propre vision institutionnelle, qui mise sur la durabilité et le long terme et sur l’autonomisation des bénéficiaires qui deviennent acteurs de leur propre développement. C’est aussi la construction des partenariats forts avec des organisations bien ancrées dans la société civile qui permettent d’influencer des politiques publiques efficaces et pertinentes.

GeTM est très fière d’avoir soutenu un projet pilote, répliqué à grande échelle par le gouvernement, permettant d’apporter une solution pérenne d’accès à l’eau dans des régions semi-arides, et de développer des zones d’agriculture familiale, mais également d’avoir permis de repenser les relations de genre au sein de la famille et de la communauté en donnant aux femmes un rôle prépondérant dans la gestion de l’eau et dans leur communauté.