12.2015 – GeTM agit dans plusieurs contextes pour faire diminuer la pauvreté dans ses pays d’intervention, en parfaite adéquation avec les Objectifs du Développement Durable. Une des stratégies pour y parvenir est de favoriser le développement en zones rurales, où la pauvreté est très présente, en apportant un soutien aux petits producteurs paysans pour développer leur productivité. Le but est d’accroître leurs revenus, et de lutter ainsi durablement contre la pauvreté. Ainsi, en diminuant la pauvreté et les inégalités, en renforçant les mouvements paysans et leur productivité, on augmente la sécurité alimentaire.

Mais cet objectif se heurte parfois à des problématiques environnementales et des politiques nationales (agriculture intensive et libéralisation du commerce international). Les plans nationaux en faveur de l’agriculture facilitent l’accès aux engrais et aux semences (y compris aux OGM et aux semences stériles non replantables d’une année à l’autre), mais sans programme de formation approprié pour prévenir le surdosage qui peut aggraver la paupérisation des sols.

Au Togo, alors que 61% de la population vit en milieu rural et pratique une agriculture vivrière, 73% de cette population rurale vit toujours sous le seuil de pauvreté (Données Banque Mondiale, 2011). Agir en milieu rural pour lutter contre la pauvreté en soutenant une agriculture familiale et génératrice de revenus a donc du sens. Mais l’atteinte de cet objectif est rendu plus compliqué dans un contexte de forte croissance démographique qui a poussé les petits paysans, qui pratiquaient auparavant une agriculture vivrière peu productive, à abandonner la pratique de la jachère, pour répondre à la demande croissante de nourriture.

Or l’abandon des jachères, qui consistent à laisser la terre se reposer quelques temps avant de replanter, ne permet plus aux sols fragiles de certaines régions de se régénérer, ce qui accentue l’infertilité et l’érosion des sols, faisant chuter dramatiquement la productivité agricole. Le soutien à la production agricole passe donc nécessairement par une évolution des techniques, en ayant recours à l’agro-écologie, plus respectueuse de ces sols très fragiles. Les projets GeTM intègrent donc des formations aux pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement et qui favorisent la fertilisation des sols, avec notamment l’introduction de pratiques de compostage, de petit élevage (afin de produire du fumier), ou encore l’introduction de plantes fertilisantes comme le Mucuna ou le Poids d’Angol (plante également très nutritive). Les femmes et les jeunes sont fortement incités à participer à ces formations.

L’engagement de GeTM ne s’arrête pas uniquement à garantir la Sécurité alimentaire – qui considère les moyens d’accès à la nourriture (disponibilité, prix abordables pour les populations, qualité sanitaire, etc.), mais intègre totalement la notion de Souveraineté alimentaire, puisque l’action est aussi portée sur les débouchés des produits agricoles (commercialisation et transformation), et sur la défense des intérêts de producteurs. En effet, nos projets organisent des circuits locaux courts pour la commercialisation des produits agricoles, pourvoyeurs de revenus rémunérateurs pour ces petites exploitations familiales. Les projets de transformation de produits agricoles sont également encouragés afin d’augmenter les revenus générés au niveau local. Les producteurs sont également incités à s’organiser et à défendre leurs intérêts, tant envers les potentiels acheteurs, qu’envers les autorités locales pourvoyeuses d’infrastructures.

De plus, nos projets portent les valeurs de la démocratie participative, en formant et en encourageant les populations à l’action collective et à la citoyenneté, et en aidant les collectivités nouvellement créées par les réformes de décentralisation, à rendre leurs processus de décision plus participatifs et plus proches de leurs populations. Ces actions ont permis de mettre en place des politiques d’aménagement du territoire qui répondent réellement aux attentes des populations (forages d’eau potable, marchés, etc.), tout en intégrant parfaitement les dimensions du développement durable. Ainsi, c’est une culture du dialogue entre les différents acteurs de la société civile et les autorités décentralisées qui est promut. Ce climat favorise l’émergence d’initiatives locales intégrant fortement les femmes et les jeunes, en leur offrant des perspectives d’avenir, ainsi que le soutien de ces initiatives par les collectivités publiques. Notre approche consiste à agir de manière globale dans nos contextes d’intervention, afin de répondre aux besoins urgents des populations, mais également d’améliorer durablement leur situation sur le long terme, sans compromettre les besoins des générations futures.

 

Delphine Stalder, Chargée de projets