11.2016 – En 2015, la communauté internationale a applaudi les résultats atteints par les Objectifs du Millénaire pour le Développement en termes de réduction de la pauvreté, d’accès à la santé et à l’éducation, notamment pour les filles. Paradoxalement, les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres, à l’intérieur des pays ou tout simplement entre individus ou entre les ménages, n’ont cessé de croître. Nous constatons depuis 2001 avec préoccupation que l’indice de Gini, qui mesure les inégalités à l’intérieur des pays, a augmenté de 9% dans les pays riches et de 11 % dans les pays pauvres. L’indice de Palma, quant à lui, révèle que les inégalités entre les 40% les plus pauvres et les 10% les plus riches ont explosé dans la plupart des pays, y compris dans nos latitudes. La mondialisation économique n’a pas réduit les inégalités entre les pays riches et pauvres. En effet, si la croissance de certains pays dits « émergents » a été globalement forte, elle a été surtout très inégale. Tandis que la croissance de plusieurs pays d’Amérique du Sud prend l’ascenseur, la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest restent toujours en dehors de cette économie mondialisée.
GeTM n’est pas aveuglée par des indicateurs de croissance du PIB qui cachent des inégalités grandissantes entre divers secteurs de la population. C’est pourquoi nous affirmons notre volonté de continuer à travailler dans des pays qui sont abandonnés par la coopération internationale, tels que la Colombie ou le Pérou, sous le prétexte que le PIB a augmenté. Bien au contraire, GeTM constate que la forte croissance économique, souvent conjoncturelle, a renforcé des mécanismes inégalitaires, a anéanti les droits des plus faibles et est devenue source de nouvelles tensions entre divers secteurs de la population. Dans ce sens, nos partenaires péruviens qui s’engagent auprès des enfants travailleurs peuvent témoigner de la fragilisation effective des droits des filles en situation de travail domestique.
Nous constatons que les inégalités internes aux pays où nous intervenons sont souvent en lien avec la mise en œuvre de modèles de développement qui privilégient certains secteurs de la population, voire des groupes ethniques, au détriment d’autres. Pour GeTM, il est donc urgent de renforcer les compétences des secteurs marginalisés et exclus des politiques de développement, ainsi que des populations dont l’accès aux droits économiques, sociaux et culturels est fragilisé par la mise en œuvre de politiques élitistes. C’est pourquoi nous soutenons les efforts de la société civile colombienne pour défendre les systèmes communautaires d’approvisionnement en eau potable face aux politiques de gestion entrepreneuriale et de privatisation des services publics. Il est également fondamental de renforcer les organisations de la société civile et de promouvoir une citoyenneté responsable. Par ce biais, GeTM vise à influencer les politiques publiques nationales pour qu’elles soient plus inclusives. Il s’agit donc d’instaurer des mécanismes démocratiques et négociés qui permettent de rendre effectif l’accès aux droits fondamentaux pour les secteurs qui en sont exclus. Le programme d’appui à la gouvernance locale dans la région des plateaux, au Togo, ou le soutien aux municipalités béninoises pour la mise en œuvre de plans économiques locaux et d’accès à l’emploi, illustrent bien cette préoccupation.
GeTM reste persuadée que les inégalités ne sont pas une fatalité. Face aux effets pervers de la mondialisation sur les secteurs les plus démunis, la coopération internationale doit innover et proposer des alternatives durables pour atteindre un progrès économique inclusif, une cohésion sociale forte, un niveau d’emploi élevé et un environnement capable de répondre aux besoins des générations futures.
Certes, la solidarité internationale ne pourra pas, à elle seule, corriger les déséquilibres et les inégalités planétaires. Mais des politiques de coopération raisonnées et équitables sont indispensables pour créer des « espaces de changement » qui puissent servir d’exemple et être répliqués ou émulés ailleurs. GeTM inscrit sa stratégie 2017-2020 dans cette perspective afin d’apporter des réponses pertinentes et durables à ces enjeux.
Alejandro Mackinnon,
Secrétaire Général