11.2016 – Le CDEL mène des actions de promotion de l’emploi des femmes et des jeunes dans l’agglomération de Cotonou, au Bénin. Le but est de mobiliser tous les acteurs locaux pour stimuler l’économie locale et favoriser la création d’emplois.
Le Bénin a une très forte croissance démographique : sa population a triplé au cours des 40 dernières années, et est composée par une majorité de jeunes – 63% de la population a moins de 25 ans. La pauvreté ne cesse de progresser dans ce pays, comme en témoigne le taux d’extrême pauvreté (individus vivant avec moins de 1.90$ par jour), qui est passé de 51.9% en 2007 à près de 60% en 2015. Avec la pauvreté, les inégalités de chances se sont également creusées. Cela s’explique en grande partie par le manque d’emploi et d’opportunités pour les jeunes arrivants à l’âge actif.
Le système éducatif au Bénin est défaillant, comme en témoigne le faible taux de réussite des élèves au Brevet d’études du premier cycle (16% en 2016) et au Baccalauréat (30.14% en 2016). La formation ne correspond pas forcément aux besoins sociaux ou économiques. Chaque année, ce sont 150’000 jeunes (dont 30’000 sans aucune qualification) qui entrent sur un marché du travail saturé. La situation est d’autant plus difficile pour les jeunes filles, qui sont marginalisées du marché du travail et qui n’ont pas accès à l’emploi et aux revenus. Dès qu’elles trouvent un travail, celui-ci est souvent peu valorisant et peu rémunérateur.
Le Bénin a longtemps été considéré comme un « État entrepôt », où la majeure partie de l’économie repose sur la réexpédition de marchandises et la contrebande vers son voisin le Nigeria. L’activité économique y est donc peu développée et peu pourvoyeuse d’emplois. En conséquence, le chômage n’ a cessé de progresser au cours des dernières années. En 2011, seuls 40.2% des jeunes de moins de 25 ans sur le marché du travail ont un emploi. Ces chiffres cachent cependant une autre réalité : beaucoup de Béninois acceptent des emplois à temps partiel (31,5% en 2011) ou rémunérés en dessous du salaire minimum horaire (50%) et cette réalité concerne notamment les femmes et les jeunes de 15 à 24 ans.
Une large majorité des personnes sans emploi ne sont pas comptabilisées comme demandeurs d’emploi, n’étant pas inscrites à l’institution du chômage. Parmi eux, 4 personnes sur 10 jugent leurs qualifications insuffisantes pour trouver du travail et 14% d’entre eux ne savent pas comment trouver un travail. Le taux d’inscription des chômeurs aux services de placement (Fonds de Solidarité National pour l’Emploi) est quasi nul, soit parce que les gens ne voient pas l’utilité de cette démarche soit parce qu’ils ne connaissent pas de l’existence de celle-ci.
Dans ce contexte, le Centre de Développement Économique Local (CDEL) intervient pour redynamiser l’économie locale et offrir des perspectives d’avenir aux femmes et jeunes de l’agglomération de Cotonou, afin d’améliorer leurs conditions socioéconomiques et lutter contre la pauvreté. Intervenant principalement en milieu urbain et périurbain, le CDEL est conscient que l’économie locale est animée en particulier par les femmes, les artisans et les jeunes entrepreneurs. Il concentre donc ses efforts sur ces groupes cibles en particulier, tout en créant les conditions favorables et durables pour stimuler le développement local et lutter efficacement contre le chômage.
Concrètement, le CDEL structure son appui autour de deux volets : d’une part, il propose des aides à l’entrepreneuriat. Adressées aux entrepreneurs déjà installés ainsi qu’aux jeunes artisans diplômés, ces aides leur permettent de s’installer à leur compte, de mieux gérer leurs activités professionnelles et de se regrouper en organisations professionnelles.
D’autre part, le CDEL propose des aides à l’insertion professionnelle. Adressées aux élèves des collèges, lycées et universités, celles-ci les orientent dans leurs choix d’une filière de formation et les initient à l’entrepreneuriat. Des formations sont proposées aux jeunes désireux de créer leurs entreprises, pour qu’ils puissent apprendre à créer leurs plans d’affaires et à obtenir des financements auprès du Fonds National de Promotion de l’Entreprise et de l’Emploi des Jeunes (FNPEEJ). Ils sont également aidés financièrement pour l’acquisition d’outils et du matériel nécessaires à l’exercice de leur activité. Les jeunes à la recherche d’un travail salarié sont orientés professionnellement et formés sur les méthodes de recherche d’emploi, mais aussi à des capacités techniques répondant aux attentes du marché du travail.
Par ailleurs, le travail du CDEL intègre des formations sur le leadership féminin, ainsi que sur la promotion de l’entrepreneuriat agricole féminin. Celles-ci ont comme objectif de faire prendre conscience aux populations masculines du rôle essentiel des femmes dans l’économie.
Le CDEL travaille en étroite collaboration avec les acteurs locaux et notamment avec les communes, dans le cadre de la récente réforme de la décentralisation. Le CDEL a appuyé les collectivités locales dans l’identification et la mobilisation de ressources fiscales leur permettant d’atteindre une autonomie financière ; ceci, dans l’optique de leur permettre, à terme, de participer au financement des programmes de promotion de l’emploi. L’objectif du CDEL est donc d’intégrer l’ensemble des acteurs locaux afin de créer des conditions favorables et durables pour stimuler et pérenniser un développement économique au niveau local.
Par son action, le CDEL réduit les inégalités de chances en ce qui concerne l’accès à l’emploi. Il permet aux jeunes et aux femmes d’assurer un revenu décent et de se projeter dans l’avenir. Il rend ainsi effectif l’accès aux droits fondamentaux pour tout un secteur de la population pour qui ces droits n’étaient jusqu’à là que des principes relevant d’une simple utopie.
Florian Tissot, Chargé de projets