12.2015 – Brendan Ecuyer a fait un stage de 6 mois chez notre partenaire Penca de Sábila en Colombie. Suite à cette expérience, il a rejoint l’équipe de GeTM à Genève, en tant que chargé de projets. Il nous livre ici sa vision du travail de Penca de Sábila pour la défense des droits paysans dans la Municipalité de Medellín.

 

Brendan Ecuyer a fait un stage de 6 mois chez notre partenaire Penca de Sábila en Colombie. Suite à cette expérience, il a rejoint l’équipe de GeTM à Genève, en tant que chargé de projets. Il nous livre ici sa vision du travail de Penca de Sábila pour la défense des droits paysans dans la Municipalité de Medellín.

Formation en agro-écologie, San Sebastián de Palmitas

La municipalité de Medellin compte environ 50’000 paysannes et paysans au sein d’une municipalité où prime l’urbanisation avec une ville de près de 2 millions et demi d’habitants. Cette urbanisation grandissante se développe au détriment du territoire rural et marginalise les communautés paysannes. Elles doivent faire face aux accaparements de terres agricoles, à la spéculation foncière et aux déplacements de populations. Lorsqu’ils perdent leur terre, beaucoup de paysans et leurs familles n’ont pas d’autre solution que d’aller s’installer dans les quartiers à la périphérie de la ville et de vivre de petits métiers informels et des aides gouvernementales. Le déplacement de la population entraîne la perte de l’identité et des traditions rurales et paysannes.

Cette situation est due notamment au manque de réglementation sur le droit du sol, le territoire rural agricole n’étant en effet pas reconnu spécifiquement dans les textes de loi en Colombie, alors que 94% du territoire colombien est rural. De plus, d’autres unités territoriales comme les terres de conservation environnementale le sont.

Afin de lutter pour défendre les droits de ces communautés paysannes, l’ONG Penca de Sábila, partenaire de GeTM depuis 15 ans, a décidé de relayer leurs revendications et les soutenir pour faire reconnaître leur statut de paysans. L’organisation a réussi notamment un coup de maître en 2014 en plaidant pour la protection juridique des zones de production agricole et d’élevage, une disposition qui a finalement été intégrée dans le plan directeur municipal de Medellin, sous la forme de Districts Ruraux Paysans, une première en Colombie!

Paysan bénéficiaire, Penca de Sábila, Colombie

Ainsi, les zones de production agricoles sont clairement distinguées des zones de protection environnementale et d’urbanisation, freinant l’expansion urbaine et la spéculation immobilière, ainsi que la fragmentation foncière. Cette disposition permet d’assurer la protection spécifique de l’habitat paysan et de son système agricole comme patrimoine et construction historique, sociale et culturelle. Elle permet d’améliorer l’accès à la terre et de mener à une normalisation des droits de propriété qui pourrait, à terme, permettre l’accès au sol à des paysans sans terre. Une série d’amélioration liées à l’accès aux subventions, aux exonérations d’impôts fonciers, à l’accès au crédit, aux titres de propriété qui permettent de bénéficier notamment de compensations, etc. découle de cette nouvelle proposition qui permet également de participer à l’effort de paix dans un contexte national fortement marqué par les conflits.

La reconnaissance des zones de production agricole est un grand pas pour la reconnaissance de la vie et de l’économie paysanne de Medellin. Cependant, il reste encore beaucoup d’incertitudes concernant le processus de réglementation futur et sa mise en œuvre. Les paysans revendiquent notamment la possibilité de participer également au processus de définition des zones de conservation afin de protéger leur environnement et leurs sources d’eau potable. Or les autorités considèrent ces zones de conservation comme étant des zones vidées de leurs habitants. La vigilance et la lutte continuent donc pour que les Districts Ruraux Paysans deviennent une réalité.

Brendan Ecuyer, Chargé de projets
avec la collaboration de Delphine Stalder, Chargée de projets