11.2015 – Comme l’annonce Alliance Sud* dans son communiqué de presse du 10 novembre, la Commission des finances du Conseil des Etats a approuvé des coupes importantes dans le budget de la coopération au développement. Ceci, en contradiction avec la décision du Parlement de consacrer 0,5% du revenu national brut à l’aide au développement.
En effet, lors des délibérations sur le budget 2016 de la Confédération, la Commission des finances du Conseil des Etats a accepté sans opposition la proposition du Conseil fédéral de couper plus de 115 millions de francs dans le budget de la coopération au développement.
Ces réductions dans la coopération au développement sont annoncées dans un contexte particulier : fin septembre, la Suisse a adopté à New York les objectifs de développement durable -ODD- proposés dans le cadre de l’Agenda 2030, qui demandent aux pays riches de prendre leurs responsabilités et de renforcer les mécanismes de coopération au développement. En taillant dans le budget avant même l’entrée en vigueur du nouvel agenda, la Suisse signale son manque de volonté politique de mettre à disposition les ressources indispensables à sa réalisation. Cette position devient inacceptable en regard des défis globaux actuels.
Aujourd’hui, les flux globaux de migrants et de réfugiés nous montrent le besoin d’un engagement accru pour lutter à moyen et long terme contre les causes structurelles de la pauvreté dans leur pays de provenance et éviter les situations de crise. Cependant, certains politiciens prévoient au contraire de compenser l’augmentation nécessaire de l’aide humanitaire par une réduction des fonds pour la coopération au développement. Cela vient s’ajouter aux dépenses liées à la première année d’accueil des requérants d’asile, qui utilisent déjà 14% des fonds de l’aide publique au développement. GeTM est consciente que davantage de ressources doivent être consacrées à ces deux problématiques, mais ceci ne doit pas être fait au détriment des fonds attribués à la coopération. Bien au contraire, si nous économisons aujourd’hui dans l’aide au développement, nous devrons demain dépenser beaucoup plus dans l’aide d’urgence.
Ces décisions ne sont pas isolées. Elles s‘inscrivent dans une tendance qui vise à puiser systématiquement dans les fonds réservés au développement afin de les destiner à d’autres utilisations. Le 5 novembre déjà, la Commission de politique extérieure du Conseil des Etats a suivi la proposition du Conseil Fédéral de financer les coûts de l’adhésion de la Suisse à la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB)** autant que possible avec des fonds de l’aide au développement. Dans la pratique, cela redonderait plutôt à un besoin de promotion des exportations suisses et de ce fait devrait être financé avec d’autres fonds.
Cela montre que probablement demain, la contribution à la lutte contre le changement climatique sera également financée par le budget de l’aide au développement au lieu de puiser dans d’autres lignes budgétaires.
Tout comme Alliance Sud, GeTM trouve ces coupes inadmissibles. C’est pourquoi, nous vous invitons à rester attentifs à ces évolutions, à en parler autour de vous et, selon vos possibilités, à faire pression auprès des décideurs pour renverser cette tendance.
Genève, novembre 2015 Le comité et l’équipe de GeTM
* Alliance Sud est le groupe de réflexion et d’action politique commun des œuvres d’entraide suisses Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et Eper.
** La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank, ou AIIB) est une banque d’investissement proposée par la République populaire de Chine dans le but de concurrencer le Fonds monétaire international, la Banque mondiale et la Banque asiatique de développement pour répondre au besoin croissant d’infrastructures en Asie du Sud-Est et en Asie centrale.
Des ONG lancent un « appel contre la faim et la pauvreté » à Berne / Le 12h30 / 2 min. / le 30 mars 2016