Le projet cherche à renforcer la gestion de 8 aqueducs communautaires dans les départements de Boyacá, Cundinamarca, Caldas, Valle del Cauca et Meta en Colombie, par la mise en œuvre du monitoring environnemental dans différents contextes géographiques (santé de l’eau et des micro bassins) ; la mise en place des mécanismes communautaires de gestion environnementale; et par le soutien aux actions et processus d’incidence politique et d’exigibilité du droit humain à l’eau au niveau local, régional, national et international.

Notre partenaire local: EndaCol – Colombie

Endacol est une ONG colombienne qui promeut le développement durable et contribue à l’amélioration de la qualité de vie des secteurs populaires urbains. Elle soutient depuis plus de trente ans les habitants des quartiers populaires pour la mise en œuvre de politiques publiques en faveur d’une gestion durable de l’environnement.


Contexte et défis

L’eau en danger

La Colombie possède d’importantes ressources hydriques. Cependant, l’eau est menacée par la contamination due à l’extraction des ressources naturelles, l’agriculture intensive, la déforestation et la privatisation de l’eau. Des milliers de bassins versants et de cours d’eau sont gravement affectés par plus de 20 ans d’exploitation minière et énergétique, ainsi que par l’expansion de l’agro-industrie et des monocultures. 205 tonnes de mercure et 918’670 tonnes de substances chimiques sont déversées dans les sols et l’eau des rivières chaque année.

La distribution de l’eau est très inégale dans les différentes zones du pays. En Colombie, près de la moitié des habitants des zones rurales, soit plus de 9 millions de personnes, n’ont pas accès à l’eau potable et plus de 13 millions n’ont pas accès aux services des eaux usées. Cette situation est encore aggravée par le changement climatique : 318 capitales municipales peuvent présenter des problèmes de pénurie d’eau pendant les périodes sèches, ce qui affecterait une population de plus de 11’000  habitants.

De plus, la paix conclue entre le gouvernement colombien et la guérilla des FARC n’implique pas nécessairement la fin des conflits environnementaux. L’exploitation et la contamination de la nature ayant eu lieu pendant le conflit armé peuvent s’intensifier et s’aggraver en période de paix. Avec 24 leaders assassinés en 2017, la Colombie est l’un des pays les plus dangereux au monde pour les défenseurs de l’environnement. Le pays est également au 2ème rang mondial des pays ayant le plus grand nombre de conflits environnementaux.

Participation des communautés

Face à ces risques, la société civile doit s’organiser afin de prendre part aux discussions à propos des problématiques environnementales et pour mener des actions d’incidence sur les politiques publiques. Les communautés organisées sont en effet des acteurs clés dans la protection de l’environnement. Elles peuvent mettre en place des mécanismes pour affronter les effets de la déforestation, de l’exploitation minière illégale et des activités agricoles ou productives sur l’eau et l’environnement.

En Colombie, 40% de l’eau fournie aux ménages ruraux est gérée par des communautés d’usagers – mieux connues sous le nom d’aqueducs communautaires – mis en place par les habitants eux-mêmes pour remédier à l’absence de services publics. Les aqueducs communautaires protègent, préservent et conservent également les écosystèmes dans leurs communautés.

Ces aqueducs sont aujourd’hui menacés par le gouvernement et les politiques de privatisation des ressources naturelles, qui conçoivent l’eau non comme un bien public, mais comme un bien commercial et un négoce lucratif. Ainsi, la surveillance et le contrôle des aqueducs communautaires augmentent, mais aucune politique ne prévoit leur renforcement ou leur reconnaissance en tant qu’acteurs clés pour la garantie du droit à l’eau en zones rurales et périurbaines.

Dans ce contexte, il est essentiel de défendre et de renforcer les formes d’autogestion communautaire de l’eau et la primauté de leurs droits sur les activités économiques, extractives ou industrielles qui affectent les écosystèmes.

Objectifs et démarche du projet

Le projet actuellement soutenu par GeTM cherche à renforcer la gestion communautaire de l’eau en Colombie pour permettre aux communautés paysannes, indigènes et afro colombiennes de développer des mécanismes de durabilité sociale et environnementale.

Concrètement, le projet agit pour mettre en place:

(1) un processus communautaire de monitoring de la qualité de l’eau, permettant aux aqueducs communautaires de superviser et contrôler les impacts et risques de la contamination de l’eau sur leurs territoires.

(2) un processus d’éducation environnementale, permettant aux membres des aqueducs communautaires d’acquérir des clés de lecture et des approches conceptuelles pour comprendre les facteurs qui menacent l’eau.

Ensemble, ces 2 processus permettront aux aqueducs communautaires de démontrer, avec des données scientifiquement valides et des approches conceptuelles appropriées, leur bonne gestion de l’eau et les impacts des activités extractives sur sa qualité et sur l’environnement. Avec ce projet, EndaCol renforcera leurs arguments en défense de la gestion communautaire de l’eau et légitimera leur rôle dans la durabilité environnementale et dans les processus territoriaux de construction de la paix.

Le projet en bref

Objectif visé : Renforcement de la gestion communautaire et environnementale de l’eau en Colombie.

ODD concernés: Eau propre et assainissement (6), Mesures relatives à la lutte contre les changements climatiques (13), Pas de pauvreté (1), Villes et communautés durables (11)

Région d’intervention: Colombie,  départements de Boyacá (Tasco), Cundinamarca (zone rurale de Ciuidad Bolívar), Caldas (réserve indigène Embera-Chamí), Valle del Cauca (Buenaventura), Meta (région de l’Ariari).

Bénéficiaires: 1’920 usagers paysans, indigènes et afro colombiens des aqueducs communautaires impliqués dans le projet (480 familles) à Tasco (Boyacá), Asoporquera (Cundinamarca), réserve Embera-Chamí (Caldas), Buenaventura (Valle del Cauca), Ariari (Meta).

Durée du projet: 3 ans

Coût du projet: 391’372 CHF